Connexion

Articles

Rechercher

Une petite étude rapide sur l'impact de la timidité et l'évaluation langagière avec des pistes de contournement. Attention, nous en parlons pas ici de mutisme séléctif!
Tagsgénéraliste, TDL, évaluation
Titre originalThe influence of shyness on language assessment
AuteursMelnick Liesl, Kucker Sarah C.
Date de publication2023
RevueJournal of Speech, Language and Hearing Research
Lien Sourcehttps://doi.org/10.1044/2023_JSLHR-22-00362

QUESTION DE RECHERCHE:


L'objectif de l’étude est d’évaluer l’impact de la timidité sur les performances de l’enfant en évaluation du langage avec des épreuves variant en “sociabilité”. Je pars du principe que par sociabilité, elles entendent que certaines épreuvent nécessitent +/- d’interactions sociales, durant le reste du résumé, je continue donc d’utiliser le terme de sociabilité
L'hypothèse est que la précision des réponses sur les tâches sociales et non sociales est influencée par la timidité de l’enfant et que ceux-ci seront plus performants dans les épreuves dites non sociales.

METHODOLOGIE:


L’étude a suivi une méthode quasi expérimentale. 122 enfants entre 17 et 42 mois avec des caractéristiques de tempéraments différents ont subi 3 types d’épreuves de langage. L’ordre des tâches a été randomisé, les tâches varient en degré de sociabilité nécessaire: une tâche de suivi visuel (l’enfant doit regarder l’objet dénommé, une épreuve de désignation et une épreuve de production). Les résultats ont été recueillis via Zoom et les parents ont dû remplir un questionnaire sur le degré de timidité de leur enfant via le questionnaire Early Child Behavior Questionnaire.

RESULTATS:


Le degré de timidité et les résultats des patients aux trois tests ont été mis en relation en contrôlant l'âge et le niveau de vocabulaire de l’enfant. Des différences significatives sont apparues, les enfants timides ayant des scores beaucoup plus bas en production que les enfants moins timides à niveau égal (de l’ordre de 21%). Tous les enfants ont eu des scores similaires en pointage quel que soit leur niveau de timidité. Les résultats sont plus nuancés sur l’épreuve de poursuite visuelle: les enfants timides ayant de meilleurs scores quand ils répondaient mais aussi une plus forte tendance à ne pas répondre du tout.

CONCLUSIONS:


Les résultats montrent une variation des performances entre les enfants plus ou moins timides. Il est important de tenir compte de ce trait de caractère dans le choix des épreuves proposées à l’enfant. Une perspective de généralisation de ces constatations serait de tenir compte de ces caractéristiques dans les scores et la standardisation des tests. (A mon sens il faut surtout proposer une variété d’épreuves et ne pas courir trop vite au diagnostic à partir d’un seul score patho)

COMMENTAIRES:

Il n’est pas possible de proposer en bilan un questionnaire sur le caractère de l’enfant donc il faut se fier aux dires du parent et à notre sens clinique. Ensuite, l’article fait bien la différence entre mutisme sélectif et timidité. On parle ici effectivement de timidité et d’inhibition.

APPLICATIONS EVENTUELLES:


  • Penser à utiliser des mesures multiples et tenir compte des commentaires des parents (échelle MB-CDI proposées par les auteurs, grille de l’EVALO…)
  • Donner plus de poids aux épreuves non verbales dans la prise de décision et ne pas tenir uniquement compte des épreuves de production verbale.
  • Individualiser les épreuves et être capable de réajuster durant le bilan mais également en cours de prise en charge.
  • Tenir compte du caractère de l’enfant et ne pas hésiter à le noter dans l’anamnèse afin que le lecteur (parent, médecin, ortho…) puisse en tenir compte sur sa propre interprétation des scores.