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Les auteurs vont étudier les liens qui unissent (et désunissent) le TSLE et TDL dans un but d'amélioration du diagnostic et de la prise en charge. J'ai oublié de dire que c'est une revue de littérature.
TagsTSLE, TDL, dyslexie
Titre originalUnderstanding Dyslexia in the Context of Developmental Language Disorders
AuteursAdlof Suzanne M., Hogan Tiffany P.
Date de publication2018
RevueLanguage, Speech, and Hearing Services in Schools • Vol. 49 • 762–773
Lien Sourcehttps://doi.org/10.1044/2018_LSHSS-DYSLC-18-0049

Disclaimer: Toutes les références complémentaires incluses dans les articles sont des références issues de l’article initial que j’ai choisi d’inclure pour les personnes souhaitant aller plus loin dans leur recherche. Il ne s’agit pas d’articles que j’ai personnellement lus. Ces références complémentaires seront placées dans une bibliographie secondaire dans les prochains articles.


Si vous souhaitez approfondir le sujet du lien entre TSLE et TDL, Suzanne Adlof est celle qui a le plus creusé le sujet. Cet article m'a été conseillé par Fany Lafargue Wavreille qu'on ne présente plus, elle aussi, elle creuse.

RESUME:


Les auteures ici présentes nous font la gentillesse de refaire une revue de littérature sur les bases langagières de la dyslexie qui va se dérouler comme suit:
Histoire de la perspective de la dyslexie comme trouble à prédominance langagière
Opérationnalisation de la définition de la dyslexie
La relation entre TDL et Dyslexie
Les capacités langagières des enfants dyslexiques (age scolaire et préscolaires)

Il est à noter qu’elles vont porter un intérêt tout particulier au lien qui unit ou désunit la dyslexie et le trouble développemental du langage TDL, voir Catalyse, je suis pas une pro du LO mais promis je m’y met! Pour elles, ces deux troubles ne sont pas assez définis pour être facilement différenciés. Ces troubles sont cooccurrents chez les patients et le diagnostic de l’un et de l’autre est impacté par l’overlap de certains déficits. Une meilleure compréhension du déficit langagier plus large engendré par la dyslexie permettra un meilleur diagnostic des comorbidités et leur prise en charge.

Aux termes de la recherche leur conclusion sera que:
  • Les enfants avec dyslexie avec ou sans TDL ont souvent un déficit langagier plus large et pas qu’un déficit phonologique comme on le pense souvent.
  • La prise en charge devrait se focaliser sur les forces de l'enfant et ses difficultés en dehors de ceux attendus habituellement dans un trouble. Je vous renvoie à la thèse de la brillante Frédérique Brin Henry “la terminologie crée-t-elle la pathologie?”
  • Une fois diagnostiqué, on constate que les enfants dyslexiques ont un développement langagier ralenti sur toute leur vie et pas que au niveau phonologique.


  • C’est parti pour le gros de l’article mon kiki!!

    L’article commence par une histoire de la définition de la dyslexie et le fait qu’assez vite, les chercheurs ont constaté la prédominance langagière du trouble VS l’hypothèse visuelle. Depuis (Lyon et al., 2003; Moats, 2008) on connaît l’importance du déficit phonologique associé à la dyslexie mais on a moins étudié le déficit langagier global des enfants dyslexiques alors qu’il existe.

    Petite parenthèse réflexive: Le caractère “inattendu” de la dyslexie, c'est -à -dire son apparition chez un enfant ayant des capacités dans la moyenne dans les autres domaines, faisait partie des caractéristiques diagnostiques de la DL. Hors un enfant TDL a souvent des difficultés de lecture (décodage, accès au sens) donc on perd ce caractère” inattendu” du trouble et est ce qu’on peut alors parler de dyslexie? Est ce qu’on ne peut pas écarter du diagnostic de DL les enfants TDL? La réponse est non! Parce que les auteures vont montrer qu’on a affiné les critères diagnostics et que même si les pathos sont très co-occurentes, elles restent différentes.

    Définir la dyslexie en termes d'impact langagiers.


    Orton en 1937 après avoir passé une grosse partie de sa vie à essayer de déterminer l'épidémiologie de la dyslexie s’est rendu compte que de nombreux enfants DL souffraient également d’une forme de déficit langagier.
    Dans les années 80/90 on a beaucoup analysé les déficits phonologiques associés à la dyslexie comme principal impact langagier ” (Catts, 1989, p. 50; see also Catts, 1996; Catts & Kamhi, 1999) mais on sait maintenant que le langage est plus globalement déficitaire (Vellutino, Fletcher, Snowling, & Scanlon, 2004).
    Alors je ne sais pas vous mais moi je suis sortie de l'école en 2009 et c’était encore le cas.
    Maintenant, en tenant compte du modèle simple view of reading, on sait qu’il ne suffit pas de décoder pour lire, la composante décodage a été plus étudiée que la composante “compréhension écrite” qui nécessite des compétences en vocabulaire, syntaxe, inférences… Hors on sait maintenant que la dyslexie a un impact sur ces compétences, souvent même avant l’apprentissage de la lecture mais pas encore dans quelle mesure (e.g., Catts, Fey, Zhang, & Tomblin, 1999; Scarborough, 1990; Snowling, Gallagher, & Frith, 2003). Les problèmes viennent du fait que la définition de la dyslexie n’a pas encore été totalement opérationnalisée pour le diagnostic et connaître le moment d’apparition des troubles langagiers là j’ai l’impression que les auteures font l’hypothèse que le gros des troubles langagiers chez les DL vient de l’effet Matthieu: moins de lecture, mois de chance de construire du vocabulaire… (Cunningham & Stanovich, 1997; Huettig, Lachmann, Reis, & Petersson, 2017)

    Opérationnalisation la définition de la dyslexie:


    Le diagnostic de dyslexie s’est longtemps fait à partir d’un ratio inégale entre les capacités cognitives d’un enfant par rapport à ses performances à l’écrit. La notion même de “bonnes capacités à l’oral vs à l’écrit” a même disparu des définitions récentes de la dyslexie ( Tunmer & Greaney, 2010).
    Il en va de même pour les QI, on ne cherche plus un delta important entre le QI et les performances écrites, actuellement on cherche surtout à éliminer une déficience intellectuelle (vs IQ achievement discrepancy model) mais cela pose le problème tout aussi épineux de définir une intelligence “normale” alors qu’on sait que les enfants avec un QI élevé seront plus souvent diagnostiqué DL que les enfants avec un QI bas (Francis et al., 2005).
    Finalement, sans tenir compte des capacités intellectuelles des enfants, c’est la persistance des difficultés de lecture malgré des consignes et un enseignement adéquat qui reste le meilleur indicateur pour une suspicion de DL quel que soit le statut intellectuel de l’enfant. Il reste cependant important de noter que plus l’impact langagier du trouble est important chez l’enfant ou s’il présente un TDL, il sera plus à risque de ne pas pouvoir intégrer et recevoir les consignes de lecture et donc être dépisté comme DL, c’est logique… (Al Otaiba & Fuchs, 2006; F. J. Duff et al., 2008; Vadasy, Sanders, & Abbott, 2008; Whiteley, Smith, & Connors, 2007)


    Le lien entre trouble développemental du langage et dyslexie.


    A partir de tout cela, on se rend compte du problème que peut poser le fait de démêler le TDL et la dyslexie. Certains auteurs ont même fait l’hypothèse qu’il s’agissait d’un même trouble mais avec des manifestations différentes (G. M. McArthur, Hogben, Edwards, Heath, and Mengler (2000. SPOILER: c’est faux, mais ca aurait été un sacré bordel!

    Les auteures font une petite parenthèse pour définir le TDL et pour noter à quel point le diagnostic de TDL et DL est plus important dans les petites classes que plus tard. A priori les éducateurs sont plus attentifs aux troubles impactant l’articulation et la lecture que les difficultés à comprendre et produire un discours (Adlof, Scoggins, Brazendale, Babb, & Petscher, 2017; Catts et al., 2005; Nation et al., 2004; Silliman & Berninger, 2011).

    On réalise également à quel point les deux diagnostics sont mutuellement exclusifs dans les diagnostics des professionnels alors que à partir d’une revue d’études G. M. McArthur, Hogben, Edwards, Heath, and Mengler (2000) a relevé que 55% des enfants DL auraient pu être diagnostiqués comme TDL et vice-versa pour 51% des TDL. Finalement, c’est le professionnel qui fait la pathologie?

    Catts et al. (2005) ont créé un modèle en croix des troubles langagiers qui comparent les performances des enfants dans les différents domaines langagiers. En gros les enfants TDL vous répartir leurs difficultés plus uniformément que les enfants DL qui vont avoir un petit déficit partout mais un gros en phonologie. Il s’agit de deux troubles distincts avec relativement peu “d’overlap”.’ (Adloff et al., 2017; Alt et al., 2017; Baird, Slonimski, Simonoff, & Dworzynski, 2011; Bishop, McDonald, Bird, & HayiouThomas, 2009; De Groot, Van den Bos, Van der Meulen, & Minnaert, 2015; Eisenmayer, Ross, & Pratt, 2005; Fraser, Goswami, & Conti-Ramsden, 2010; Kelso, Fletcher, & Lee, 2007; Kim & Lombardino, 2013; G. McArthur & Castles, 2013; Ramus, Marshall, Rosen, & van der Lely, 2013).

    Il reste cependant à noter que les enfants avec les diagnostics de TDL et Dl ont plus de chances d’avoir eu une rééducation ce qui a pu influer sur les performances. Pour la co-occurence, selon les études, les chiffres vont de 17% à 71%. Faut vraiment qu’on fasse le ménage là dedans!

    Capacités langagières des enfants dyslexiques.


    On a vu que les études soutiennent la notion de troubles distincts ayant une forte co-occurence mais certaines études soutiennent la notion que les patients dyslexiques ne souffrant pas de TDL ont un DVT langagier faible (Adloff et Al 2017, Bishop et al. , 2009, Ramus et al, 2013) et ces déficits sont très variés allant d’un vocabulaire plus pauvre, des difficultés de répétition de phrase ou de compréhension syntaxique.
    Le problème est de savoir si ces difficultés étaient présentes avant l’acquisition de la lecture ou pas car on peut partir du principe que peu de lecture donne moins d’opportunités de développer son langage grâce à un apport écrit.
    Alt et al en 2017 montre les difficultés des enfants dyslexiques à acquérir des nouveaux mots mais il reste à noter que les méthodes d’acquisition impliquent toutes +/- un aspect phonologique.

    Les capacités langagières des enfants dyslexiques d’âge préscolaire.


    Pour éviter de confondre les conséquences de la dyslexie et son aspect endophénotypique, Snowling et Melby-Lervag 2016 ont étudié les capacités des enfants issus de familles dyslexiques et donc à fortes chances de développer une dyslexie.
    J’ai déjà fait une fiche sur cet article, je vous laisse la chercher! Mais en résumé les enfants issus de familles dyslexiques et futurs dyslexiques ont un déficit langagier touchant plusieurs domaines mais avec des scores les plus chutés dans le domaine phonologique mais selon les scores observés et les échantillons restreints les auteures suspectent que de nombreux enfants de l’échantillon auraient été diagnostiqués comme Dl et TDL. Caroll et al 2014 nous préviennent cependant que la variété des troubles langagiers et leur sévérité est très inégale selon les patients et que des épreuves exhaustives restent nécessaires.
    ((Je reviens vers ma boucle pour vous redire à quel point le travail de Frederique Brin-Henry (la terminologie crée-t-elle la pathologie?) et de Guillaume Duboisdindien (zététique) est utile à notre pratique. Quand on pose un diagnostic, il va forcément y avoir un biais de confirmation vers les autres symptômes qu’on retrouve souvent dans cette patho, il faut garder un œil nouveau pour chaque patient.))


    APPLICATIONS EVENTUELLES:


  • Il faut garder en tête que DL et TDL peuvent être co-occurents mais on ne sait toujours pas dans quelle mesure quantitative étant donné les chevauchement des critères diagnostics et leur labilité (Mc Arthur et al, 2000 parle quand même de 50%).

  • Intérêt d’un protocole de remédiation du déficit lexical en préscolaire qui aurait des effets de préservation.

  • Il est important de faire une évaluation exhaustive de chaque patient afin de pouvoir cerner leur profil.

  • Il ne faut donc pas partir du principe qu’un enfant ayant un diagnostic de DL ne va pas avoir un trouble langagier plus global et une façon de soutenir le développement langagier de l’enfant serait de continuer à lui prodiguer une remédiation du langage oral pour éviter que le déficit ne se creuse par rapport à ses pairs du fait de l’effet Matthieu (intérêt des livres audio selon Milani, Lorusso, and Molteni (2010)).

  • Il est important de repérer les forces et les faiblesses de chaque enfant afin de prodiguer la prise en charge adaptée. Les auteurs rappellent l’importance du travail transdisciplinaire dans l’accueil des enfants en situation de handicap.

  • Pour la remédiation elles renvoient vers les études ci dessous:
    Al Otaiba, Rouse, & Baker, 2018
    Foorman et al., 2016
    Gersten et al., 2008

    Perspectives:


    _La persistance des difficultés langagières associées à la dyslexie n’a pas encore été étudiée de façon longitudinale. Les auteures suspectent une évolution inégale (type pics et vallées) des performances langagières des enfants DL avec une plus forte propension à la remédiation langagière au primaire et un effet Matthieu plus tard dans la scolarité quand il est nécessaire d'acquérir une syntaxe et un vocabulaire plus complexes.

    _Des études sur l’endophénotypie de la dyslexie, du TDL et leur manifestations concomitante restent également à clarifier. Les profils neurobiologiques sont différents (C. Leonard et al., 2002) ainsi que les composantes génétiques (Bishop, Adams, & Norbury, 2006).

    _La co-occurrence des pathologie reste cependant sous identifiée dans les études avec un impact clair sur les résultats et leur analyse.

    _Des études plus poussées sur les facteurs de résilience et de risque pour les patients DL avec ou sans TDL ont également été peu étudiés et notamment les facteurs environnementaux manipulables comme la littératie familiale ou les méthodes d’instruction.