Disclaimer: Toutes les références complémentaires incluses dans les articles sont des références issues de l’article initial que j’ai choisi d’inclure pour les personnes souhaitant aller plus loin dans leur recherche. Il ne s’agit pas d’articles que j’ai personnellement lus. Ces références complémentaires seront placées dans une bibliographie secondaire dans les prochains articles.

Disclaimer: Attention ici, à ne pas faire d’amalgame entre comportement de masquage et stratégie de compensation. Une stratégie de compensation cherche l’effacement, le retour à la normale et est un comportement conscient ou au moins semi-conscient. Dans le masking, il n’y a pas de recherche d’efficacité ou de retour à la normale mais plutôt un évitement de l’identification par autrui du comportement indésirable. Vous voyez la nuance?

Donc, là où c’est nouveau, c’est qu’il n’y jamais vraiment eu d’étude quantitative ou même qualitative sur ces comportements de masking chez les TDL alors qu’ils existent. Nous allons donc les détailler ci dessous:

Les stratégies de masquage

A partir des observations des orthophonistes et des parents, les auteurs ont pu classifier les comportements de masking selon huit critères qui suivent:

Les habiletés conversationnelles

Les enfants TDL auront tendance à utiliser des phrases-type pour donner l’impression d’avoir compris voire des scriptes quand il s’agit de thèmes récurrents. L’enfant cherche à poursuivre la conversation mais pourra excuser ses erreurs par des phrases comme “je suis fatigué aujourd'hui” ou “j’avais oublié”...

L’appui sur les autres

Certains enfants utilisent des stratégies interactionnelles encourageant le scaffolding (l’adulte va préciser, reformuler…) de la part de l’adulte sans s’en rendre compte. Les comportements ne sont pas explicites mais vont inciter les adultes de façon inconsciente. Par exemple, l’enfant fait des pauses dans ses phrases invitant l’adulte à les compléter.

L’évitement

Les situations demandant du langage vont parfois être évitées et les activités non langagières privilégiées. Les enfants auront aussi parfois tendance à être amis avec des enfants beaucoup plus jeunes. Les enfants TDL auront aussi parfois tendance à dire qu’ils ne savent pas au lieu d’élaborer lors d’exercices.

Les comportements non-verbaux

Les sourires et les hochements de tête lors des interactions peuvent donner le change. Une orthophoniste notait également qu’un enfant avait souvent un téléphone avec lui et faisait semblant de le consulter, le temps de réfléchir et de construire sa réponse.

Les comportements perturbateurs

Les rires intempestifs, le chahut peuvent aussi constituer des comportement d’évitement. Certains comportements plus excessifs ont été signalés mais sont plus rares.

L'utilisation des autres capacités cognitives

Les capacités en lecture, la prise d'indices visuels ainsi que des capacités sociales très développées sont des forces pour ces patients mais servent également de camouflage pour les déficits langagiers.

Le mimétisme

L’observation et le mimétisme des comportements des autres camarades est un comportement très fréquent.

Les comportements pro-sociaux

L’humour et les plaisanteries pourront être une façon de masquer et de maintenir les relations sociales harmonieuses, de même que la compliance avec les adultes. L’enfant va chercher à être obéissant pour passer sous le radar de l’enseignant et l’humour pour être apprécié de ses pairs.

Les conséquences des comportements de masquage

Evidemment, ces stratégies retardent le dépistage de ces enfants mais auront également un impact sur leur santé mentale, leur estime de soi ainsi que leur relation avec leurs pairs. Les parents signalent également une forte fatigue en fin de journée. Les enseignants et les parents regrettent que ces comportements puissent donner une fausse impression sur la personnalité de leur enfant notamment dans les cas des comportements perturbateurs.

Les facteurs associés aux comportements de masquage

Sachez également que les enfants avec des habiletés sociales très développées et des capacités cognitives au-dessus de la moyenne seront les plus performants en masking et y auront plus recours que les enfants tout venants. Les auteurs relèvent également l’impact environnemental, les enfants ayant moins tendance à recourir au masking à la maison. Il serait intéressant de transmettre aux éducateurs ces informations afin qu’ils puissent identifier au plus tôt ces comportements pour ce qu’ils sont. Une seconde étude à plus grande échelle et avec des données chiffrées serait un must.

Là où je trouve l’article intéressant, c’est qu’il nous montre que dès leur plus jeune âge, les enfants sont capables de se rendre compte de la négativité qui leur est renvoyée par leur déviation à la norme et qu'au-delà de pouvoir (vouloir?) compenser cet écart, ils cherchent à l'invisibiliser.